Kinésithérapie du cheval

Du mouvement à la kinésithérapie du cheval

Connaître quelques mouvements de rééducation permet à toutes les personnes en contact avec des chevaux d’évaluer sa forme physique, ses raideurs et ses éventuels blocages. Il existe quelques exercices simples à effectuer qui permettent une première mise en place d’une kinésithérapie du cheval.

Je précise pour ceux qui ont des chiens de sport, loisir, etc… Cela fonctionne exactement pareil à quelques nuances près ! Personne ne monte sur le dos d’un chien, le chien a la possibilité de “se dégourdir” tout seul plus facilement (enfin, il y a des exceptions)…

Cette gymnastique est particulièrement bien adaptée après la visite de l’ostéopathe mais également quotidiennement à titre préventif. Mieux vaut prévenir que guérir…

Je conseille régulièrement des exercices de rééducation à la suite de mes visites en ostéopathie.

Il est également intéressant et nécessaire d’intégrer cette gymnastique au quotidien. On peut ainsi à la fois assouplir son cheval et vérifier que tout va bien 😉

L’objectif est simple: informer le cheval et son système nerveux que le mouvement redevient possible dans le confort 😉

Cela peut prendre du temps à l’animal de retrouver sa confiance dans la réalisation d’un mouvement, des exercices simples et lents permettent au système proprioceptif de se réadapter à une nouvelle dimension corporelle.

Pour en savoir davantage sur cette notion essentielle de la proprioception, voici un article qui résume bien les choses.

Les intérêts de ces mobilisations sur le système locomoteur sont les suivantes:

  • Jouer sur l’élasticité et l’extensibilité des structures articulaires: ligaments, tendons, muscles.
  • Mobiliser en douceur les articulations, c’est à dire les segments osseux pour les vasculariser et ainsi les entretenir.
  • Enrichir les possibilités proprioceptives de l’animal

 

Exercices de rééducation et kinésithérapie du cheval

Je vous propose ci-dessous la vidéo et un descriptif des exercices de bases à faire par tous.

  • Croisement des postérieurs

Faire passer un postérieur devant son congénère et engager un postérieur sous la masse vont permettre de mobiliser le bassin et l’ensemble de la ceinture pelvienne, les hanches, la colonne lombaire et les différentes articulations des membres. Ces mouvements vont induire des rotations et latéro-flexions sur les différentes structures corporelles de l’arrière-main.

  • Croisement des antérieurs

C’est le même principe. Ici les structures mobilisées vont être: la ceinture scapulaire, les épaules, le garrot et une partie de la colonne cervicale et thoracique, les muscles de l’encolure et de l’avant-main ainsi que les différentes articulations des membres. Ces mouvements vont également induire des rotations et latéro-flexions sur les différentes structures corporelles de l’avant-main.

Sur la vidéo, je vous propose ces deux exercices sur un cercle en main. Il est tout à fait possible de varier et de les faire sur une ligne droite, des huit de chiffres afin d’alterner. On peut également les reproduire une fois à cheval ensuite. L’avantage d’être à pied est que cela permet de visualiser les facilités et difficultés du mouvement.

  • Le reculer

Cette exercice nécessite un apprentissage pour être exécuté dans le calme et la décontraction. Il va mobiliser l’ensemble du corps: avant-main, arrière-main et colonne vertébrale dans le sens de la flexion et extension.

Plus il sera effectué lentement avec des amplitudes des membres élevés plus il aura un pouvoir assouplissant de l’ensemble du corps. Le fait de l’exécuter sur une encolure basse augmentera encore ses effets.

Au départ, il n’est pas naturel pour un cheval, un animal de fuite d’avoir ce mouvement rétrograde. Il va l’utiliser dans des situations où il n’a pas d’autres options. Une fois compris, c’est un mouvement qui optimise ses capacités motrices.

Comme je l’explique sur la vidéo, le cheval doit reculer en ligne droite pour bien exécuter l’exercice. Si l’arrière-main se décale d’un côté, cela signifie qu’il y a une raideur ou un blocage.

Il faut donc essayer d’améliorer cela par le mouvement dans un premier temps. Si cela ne change pas, une visite ostéopathique est nécessaire.

Pour remédier à une croupe qui se décale à droite, il suffit de demander le reculer avec un pli à droite. On peut comparer cela au fameux “remettre les épaules en face ou devant les hanches” que l’on entend si souvent en équitation.

Sur la jument de la vidéo, lorsque je lui demande un pli à droite, l’arrière-main dérape vers la gauche et vice versa.

C’est normal ! Comme elle recule en ligne droite sans avoir besoin d’un pli, il est logique qu’elle perde la rectitude de son reculer avec un pli 😉

Faite l’expérience et vous verrez !!

Voici la vidéo: 

https://youtu.be/k_7bojH2pRw

 

 Que peut-on dire sur cette jument ?

Au niveau de l’engagement des postérieurs sous la masse, elle est à l’aise.

Pour les croisement des antérieurs, on peut voir que l’antérieur droit passe moins bien devant le gauche. Pourquoi ? Il peut y avoir plusieurs raisons:

  1. Les muscles de l’épaule droite sont plus raides, s’étirent moins facilement pendant l’adduction.
  2. Cela peut venir aussi des muscles de l’épaule gauche pour les mêmes raisons.
  3. Il peut y avoir un ou plusieurs blocages ostéopathiques au niveau des cervicales basses et/ou du garrot par exemple.
  4. Le mouvement de rotation des articulations du membre peut être plus difficile en fonction de raideurs ou de douleurs.
  5. Si les deux pieds sont dissymétriques type “sabot high/low” le corps s’organise pour compenser un pied haut et l’autre plus bas. Cela va donc induire des variations au niveau de la souplesse entre le côté droit et le gauche.
  6. La jument peut être droitière. Pour comprendre la dissymétrie naturelle voir les explications de de Pierre Beaupère. Cet aspect peut rejoindre les aspects 1,2 et 5 sans qu’il y ait de pathologie ou blocage déclarés. Les aspects 3 et 4 peuvent se cumuler.

Qu’en est-il pour cette jument ? Je la connais bien puisque c’est la mienne 😉

Elle est droitière.

De ce fait, elle a tendance à poser son antérieur droit lus en avant et vers l’extérieur (plus éloigné de la ligne médiane du corps que le gauche). Au pré, elle broute souvent avec cet antérieur en avant.

On retrouve alors au niveau de ses sabots, le droit plus large avec des talons plus bas.

Cette statique naturelle qui est la sienne peut donc générer de manière logique ce que l’on voit sur la vidéo. Un antérieur droit qui vient moins facilement en adduction. Cela va par effets d’enchaînement jouer sur les développements des différents tissus (cf les six raisons évoquées ci-dessus).

Que peut-on faire pour améliorer sa souplesse dans ce mouvement ?

  • Continuer à faire ces exercices à pied des deux côtés (c’est capital de travailler les deux !).
  • Faire des étirements des membres antérieurs vers l’avant et en jouant sur l’adduction et l’abduction.
  • Surveiller l’aplomb des pieds régulièrement pour éviter l’amplification du phénomène “high/low”.
  • D’un point de vue du travail monté, il faut aussi être attentif à développer force et souplesse à droite et à gauche.
  • Faire vérifier régulièrement le cheval par l’ostéopathe en même temps qu’il évolue pour le libérer progressivement de blocages adaptatifs. La simple asymétrie de la posture qui dure dans le temps génère des adaptations qui deviennent des blocages.
  • Ne pas oublier de surveiller la pousse des dents. Un déséquilibre à ce niveau se répercute sur l’ensemble du squelette.
  • Faire des massages sur des points de tensions s’il y en a.

Vous allez peut être vous dire que cela fait beaucoup de choses à envisager pour un mouvement moins fluide ?

C’est simplement le prix de l’équilibre 😉 Une petite faille quelque part va avoir des répercussions sur l’ensemble du corps. C’est la raison pour laquelle, prendre les choses par un seul bout ne fonctionne pas toujours !

 

Des exercices complémentaires ?

Comme je l’explique ci-dessus, en prenant un exemple précis, d’autres techniques et outils sont très utiles. Le stretching est très efficace pour travailler sur l’élasticité, l’extensibilité et la proprioception.

Vous pouvez retrouver ces différentes techniques dans divers articles que vous trouverez ici.

En complément des étirements et pour détendre des tensions vous pouvez également consulter les articles sur le massage.

Vous pouvez également compléter par le type d’entraînement en variant le type d’exercice, faire des sorties en extérieur sur du terrain varié, etc… Cela permettra également d’avoir des chevaux bien dans leur tête 😉

5 réflexions sur “Kinésithérapie du cheval”

    1. Merci 😉
      Oui, lorsqu’on demande le mouvement sur place le cheval peut s’acculer, reculer ou rester « visser au sol ». Du coup, l’exercice n’a plus d’intérêt. Ce serait comme faire une épaule en dedans à l’arrêt 😉

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