Masser et étirer le cheval pour soulager les tensions musculaires

Pour garder son cheval souple dans son corps et ses allures, il faut que son dos fonctionne. Un quadrupède marche avec son dos et ses jambes (comme l’homme d’ailleurs) ! Comment mobiliser le dos pour repérer et libérer les tensions ? Sans rentrer dans des choses compliquées, je vous propose quelques techniques utiles pour masser et étirer le cheval. Une pratique régulière favorise une connexion entre vous et votre cheval. cela vous permet d’évaluer sa forme et ses besoins. 

Comme nous avons vu dans d’autres articles l’étirement de l’antérieurcelui du postérieur et le stretching de l’encolure, cet article vous propose des techniques complémentaires pour mobiliser le dos du cheval. Pour un entretien global, vous pouvez donc relier tous ces exercices. L’idée reste toujours la même, on cherche à prévenir et  traiter les tensions musculaires avant qu’elles ne dégénèrent en raideurs chroniques et que les structures physiques et squelettiques de l’animal se détériorent (arthrose, tendinite, etc…).

 

1- Etirer la tête et l’encolure vers le bas et le côté

Cet exercice permet de mobiliser l’articulation de la nuque du cheval en extension et de le détendre. Attention, la tête peut devenir très lourde ! Il suffit de mettre ses deux mains en le joignant au-dessus de la nuque et de poser la tête du cheval sur son épaule. Une fois installé, appuyez doucement sur la nuque tout en gardant la tête du cheval bien sur son épaule. Ensuite il suffit de suivre le sens du mouvement vers lequel l’animal se relaxe: sur les côtés, vers le bas, etc… 

Si le cheval est grand, vous pouvez aussi poser une main derrière la tête sur sa nuque et positionner l’autre sous son chanfrein. En même temps que la première main appuie sur la nuque, la deuxième va relever la tête en effectuant un mouvement vers le haut. Vous aurez ainsi une extension de l’articulation de la tête et des premières cervicales. (Pour les appuis des mains, voir les points verts clairs sur la photo).

Plus l’encolure va être étirée vers le bas avec une extension de l’angle tête-nuque, plus cela va également faire monter le dos (flexion) et ouvrir les espaces entre les épines des vertèbres. C’est particulièrement bénéfique aux chevaux qui portent un cavalier sur le dos pour éviter un rapprochement des processus épineux.

 

2- Traction sur la queue vers l’arrière et latéralement

Voilà un exercice très simple à effectuer. On prend la queue du cheval à deux mains et on se penche en arrière en donnant son poids progressivement afin de ne pas le surprendre. Souvent le cheval va se « dandiner » en reportant son poids sur un membre ou un autre.

Dans ce cas, continuer votre traction sur la queue en vous plaçant à droite et à gauche. En fonction du comportement du cheval vous verrez bien ce qu’il apprécie le plus. Cela lui permet de s’étirer comme vous pourriez le faire en vous suspendant en hauteur.

 

3- Fléchir et faire monter le dos

En complément du premier exercice, on peut solliciter la flexion du dos en stimulant des muscles qui vont permettre de faire monter le dos.

Un premier point à solliciter se trouve le long du ventre sur l’axe médian au niveau de la ligne blanche. Cette zone s’étend du passage de sangle jusqu’à l’ombilic environ.

Ensuite, décaler sa main en remontant le long des flancs. En touchant à cet endroit, on ajoute une incurvation (latéro-flexion) du tronc en plus de la flexion. (Voir ligne bleue sur la photo).

La stimulation des points s’effectue avec les doigts, la paume des mains ou une étrille souple en caoutchouc par exemple. Le mouvement à effectuer avec les mains ou l’étrille est une pression associée à une rotation.

Attention certains chevaux sont plus sensibles, chatouilleux, voire douloureux que d’autres. Il faut donc veiller à adapter ses pressions et rotations de manière progressive. Si le cheval ne veut pas qu’une zone soit touchée après avoir pratiqué plusieurs fois, il vaut mieux appeler un ostéopathe pour comprendre d’où vient le problème et le traiter.

 

4- Latéro-flexion, incurvation du dos

Ci-dessus, je vous ai proposé une première technique d’incurvation complémentaire à la flexion du dos en stimulant la zone du ventre du cheval. Il y en a deux autres.

Avec la première technique, vous allez poser et prendre dans une main la base de la queue. Posez l’autre main fixement mais relax sur la pointe de la hanche gauche par exemple et exercez une traction de la queue vers la gauche. Vous allez ainsi amener la croupe vers la gauche. Ensuite, il suffit de décaler sa main en glissant sur une même ligne de la pointe de la hanche jusqu’au garrot étape par étape. Vous allez ainsi faire onduler progressivement l’ensemble du corps et la colonne vertébrale de l’animal. Une fois que vous avez fini le côté gauche, passez au côté droit. (Voir ligne blanche sur la photo).

Il y a une variante à cette technique. Tout en exerçant des traction à la base de la queue, on peut également poser sa main de chaque côté de la colonne vertébrale de manière à sentir les ouvertures et fermeture des articulation pendant les incurvations. (Voir photo ci-dessous).

masser et étirer dos cheval

Pour la deuxième technique, mettez vous derrière le cheval ou légèrement sur le côté, posez vos deux mains de chaque côté de la croupe avec vos doigts en forme de bec. Appuyez sur les muscles fessiers en exerçant une pression et en descendant le long de la croupe de chaque côté des aspérités osseuses du sacrum vers la base de la queue. Quand le cheval va monter le dos, gardez vos mains au même niveau et adaptez votre niveau de pression pour augmenter ou diminuer la flexion. (Voir ligne verte sur la photo).

Attention, assurez-vous que le cheval ne tape pas par surprise ou gêne en faisant un test en vous mettant de côté

Si vous appuyez seulement sur un seul côté de la croupe, le cheval fera une latéro-flexion. Par exemple, si je stimule le fessier gauche, on aura une incurvation droite avec le dos qui monte et se fléchit.

 

5- Extension et incurvation du dos

On va continuer à mobiliser le dos, en extension après avoir fait l’exercice ci-dessus en flexion. Le dos doit être capable de se creuser et de monter afin qu’il puisse exécuter tous les mouvements physiologiques. (Voir ligne jaune sur la photo).

Cette fois-ci placez-vous en tournant le dos à la tête du cheval. Tout en gardant vos mains de chaque côté de la croupe (à mi chemin entre le haut et la pointe de la hanche), avancez vos deux mains vers la colonne vertébrale juste en avant des pointes de hanches. La zone à stimuler se trouve à un travers de main sous les épines vertébrales (haut du dos). Vos doigts toujours en forme de bec de chaque côté du dos doivent exercer des pressions verticales, légères et progressives à cet endroit sur les deux côtés à la fois.

Comme pour  la latéro-flexion, si vous souhaitez mobiliser le dos en latéro-extension (incurvation et dos creux), il suffit d’exercer une pression seulement d’un côté du dos à la fois.

Attention, il faut éviter de « pincer en crochetant la colonne » avec une seule main, pour voir si le dos se creuse. C’est malheureusement un geste pratiqué fréquemment dans le milieu équestre qui fait dire que le cheval a mal au dos s’il se creuse ou fuit la pression. Essayez sur vous ce geste et comparez le à une pression verticale avec la pulpe des doigts sans mettre les ongles ! Vous comprendrez combien ce crochetage est désagréable, voire douloureux même si le dos va bien !

Faites bien attention aux comportements et aux réactions du cheval face à vos sollicitations, un coup de pied peut partir en cas de douleur, courbature, énervement, etc. Certains chevaux surtout s’ils sont près du sang vont être plus réactifs et sensibles à vos gestes, il va juste falloir apprendre à doser. Il faut bien sûr faire la part des choses entre une gêne et un caractère plus « chatouilleux ». Ces réactions doivent être prises en compte et si elles perdurent, il faut appeler un professionnel.

Les exercices 4 et 5 doivent être faits avec parcimonie et délicatesse, les stimulations exagérées (trop long, trop fort…) énervent le cheval et il va se contracter. Dans ce cas, alors, ces mobilisations perdent tout leur intérêt.

 

6- Une vidéo récapitulative

Pour finir, voici une présentation des principaux exercices. La jument que vous voyez a 19 ans, elle fait uniquement de la promenade de temps en temps et surtout elle profite bien de l’herbe normande 😉 Elle fait rarement des exercices de gymnastique ! Cela va vous donner une idée des réactions fréquentes que vous rencontrerez avec la plupart des chevaux.

Pensez à utiliser la photo à la une de l’article pour repérer les zones à stimuler.

 

Quels intérêts ?

Ces exercices sont intéressants surtout s’ils sont pratiqués régulièrement. Au fur et à mesure vous deviendrez plus précis et votre cheval va gagner en mobilité, souplesse et amplitude. Si au début, le cheval ne réagit pas beaucoup aux stimulations, ne vous inquiétez pas, cela s’arrange avec le temps. Si cela n’évolue pas, il faut penser à différents problèmes: blocages, contraction, manque de travail, structures physiques remaniées par l’âge ou un travail inadapté, etc… Le but est de vous permettre de vérifier le bon fonctionnement du dos du cheval et de repérer les problèmes le plus vite possible avant que des pathologies plus lourdes soient installées: arthrose, dégénérescence des ligaments, fibroses des tissus conjonctifs, chevauchement des processus épineux, etc… Ils permettent une meilleure gestion du cheval et d’optimiser son potentiel physique. De la même manière les frais vétérinaires seront réduits si on se positionne dans une logique préventive et sur le long terme 🙂

Pour compléter cette gymnastique, vous pouvez lire ou relire les articles relatifs aux étirements / stretching des membres ainsi que ceux qui concernent le massage des tensions et le shiatsu. Vous pouvez commencer à établir un programme d’entretien avec votre cheval et à observer son évolution. Vous verrez que ces pratiques vous permettront de mieux le comprendre, de passer des moments agréables et de créer une relation respectueuse tant à pied qu’au travail !

Vous pouvez télécharger mon guide de toucher-massage ci-dessous pour donner du confort à votre cheval et l’assouplir dans le temps ?

11 réflexions sur “Masser et étirer le cheval pour soulager les tensions musculaires”

  1. « Plus l’encolure va être étirée vers le bas avec une extension de l’angle tête-nuque, plus cela va également faire monter le dos (flexion) et ouvrir les espaces entre les épines des vertèbres.  »
    Pourriez-vous m’expliquer ce qu’est une extension de l’angle tête nuque : je n’arrive pas à visualiser
    Merci …..
    Quand on « travaille » le cheval monté ou à pied, si on demande au cheval par exemple de trotter la tête vers le bas, il étire toute sa ligne du dessus, que faut-il faire pour qu’il « remonte le dos » ? j’ai du mal avec ces notions : étirement du dos, flexion du dos, remontée du dos
    Merci pour votre aide
    Michèle

  2. Bonjour,
    une extension de l’angle tête nuque correspond à une ouverture de l’angle (niveau des ganaches) entre la tête et le début de l’encolure. Regardez le début de la vidéo quand la jument a sa tête sur mon épaule. Le cheval doit donc faire une extension de l’encolure (descente de l’encolure) avec le chanfrein en avant de la verticale pour étirer et le dos et le faire monter. En dynamique, pour que ce travail se fasse (monté ou à pied), il faut également que le cheval engage ses postérieurs sous la masse.
    J’espère que c’est plus clair.
    Pour voir cela en tapant extension d’encolure sur google ou youtube vous devrez voir ce qui se passe en dynamique.

    1. Merci beaucoup de votre réponse. Dans ce cas à quoi correspond le travail du dos du cheval lorsque l’on demande au cheval de céder dans sa nuque et de mettre son chanfrein vertical en refermant cet angle tête nuque ?

  3. La nuque avec le chanfrein à la verticale s’appelle le ramener. Le ramener est le maximum que l’on puisse demander au niveau de la cession de nuque. Si le chanfrein est en arrière de la verticale, le cheval est encapuchonné et le contact avec la main est rompu. Le cheval est alors en arrière de la main et dans ce cas, la tension de la ligne du dos est fichue. Cela est vrai quelle que soit la hauteur de l’encolure. Du coup le cheval a peut être une « belle » attitude mais elle est fausse. A partir de là, le dos peut se creuser ou rester mou… Voilà, j’espère que c’est plus clair 🙂
    Si ce sujet vous intéresse, il faut lire des ouvrages d’équitation classique qui détailleront cela. Je vous conseille Philippe Karl « dérives du dresssage moderne ». Avec ce livre, l’essentiel est dit…

  4. Francisca Herrera Crisan

    Chère Virginie!! Je suis émerveillée par le contenu, la précision, et la qualité de l’information de votre site!! Un immense merci, à vous lire, on a instantanément l’envie de mettre en oeuvre le bien-être avec nos merveilleux compagnons!!! Merci, merci et MERCI!!!!

    1. Merci Francisca, j’espère que vous trouverez des éléments pour vous aider pour favoriser le bien être de vos compagnons. désolée pour ma réponse tardive, votre message me fait vraiment plaisir et m’encourage à continuer…

    1. Bonjour Daniele, il faut appuyer sur la croupe du cheval comme montré sur la vidéo 😉
      Si cela ne fonctionne pas cela peut être pour trois raisons: le niveau de pression est insuffisant ou le cheval n’est pas réactif ou les deux à la fois !
      Pour savoir il faut s’entraîner sur des chevaux différents. Toutefois, attention en cas de sensibilité de la zone, ne pas insister car le cheval peut réagir fortement…

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