Dissymétrie du cheval, ostéopathie, parage

4cote court et long

LA DISSYMETRIE DU CHEVAL MONTE

Aujourd’hui, je vous propose un article de Pierre BEAUPERE pour mieux comprendre et trouver des solutions sur un sujet vaste, parfois épineux: dissymétrie du cheval, ostéopathie, parage…

Les cavaliers parlent régulièrement de raideurs à droite ou à gauche de leurs chevaux, du déséquilibre de la pousse des sabots et de leurs blocages ostéopathiques qui reviennent régulièrement, etc…

NB: je tiens à préciser que la notion de dissymétrie évoquée dans cette article pour les chevaux est valable pour tous les mammifères: hommes et quadrupèdes. cela est valable pour toutes les espèces. Si vous avez un chien par exemple, en lisant cet article, vous comprendrez mieux pourquoi il court en étant un peu de travers ‘la tête d’un côté et l’arrière train de l’autre 😉

Mais qu’en est-il exactement ? N’y a-t-il pas des liens entre ces différents phénomènes ?

Je connais le livre de Pierre Beaupère depuis sa sortie en 2012. A l’époque, je cherchais à modéliser les problèmes de déséquilibres de posture du cheval pour les comprendre tant d’un point de vue équestre qu’ostéopathique… C’était à la fois passionnant et plutôt « prise de tête » car complexe !

Puis je suis « tombée » sur les articles que Pierre Beaupère écrivait à l’époque sur un magazine en ligne qui s’appelle Cheval Savoir. Et là, à ma grande surprise, je commençais à lire une analyse à la fois, dense, précise et très didactique. Cela correspondait tout simplement à ce que je cherchais,  j’avais tout ça en tête mais là c’était formalisé, rédigé et digéré… Bref, un bonheur de trouver des explications claires et surtout cela m’a permis d’avancer bien plus vite, merci !! 😉

J’ai parlé très rapidement de ses travaux à la fois aux cavaliers et aux étudiants en ostéopathie car il me semble évident que l’ostéopathie ne se résume pas à manipuler des blocages qui apparaîtraient sans raison (j’en parle dans bien d’autres articles). La compréhension des mécanismes locomoteurs du cheval devraient être enseigné à tous les cavaliers. Cela éviterait à la fois des souffrances physiques aux chevaux et psychiques pour les cavaliers.

Outre les traumatismes divers (chutes, etc), les origines de l’installation de blocages s’installent bien plus souvent par les déséquilibres que l’être vivant subit au quotidien. Pour le cheval, on peut parler de son mode de vie et d’alimentation, de la façon dont les pieds sont équilibrés, ou pas assez souvent, mais aussi de la façon dont le cavalier l’utilise et le travaille…

A ces divers éléments vient s’en ajouter un autre fondamental: la dissymétrie naturelle du cheval, propre à tous les mammifères d’ailleurs.

Pour résumer cet aspect que l’auteur développe tout au long de cet article, je précise juste que cette dissymétrie est à la base une asymétrie. Elle est présente chez tout le monde. Elle se manifeste simplement par le fait d’être droitier ou gaucher.

Avec le temps, une asymétrie peut faire place à une dissymétrie et évoluer vers la pathologie si elle n’est pas traitée. Cette asymétrie se manifeste à la fois dans la posture statique et dynamique du cheval. En s’exerçant directement sur le squelette, elle va générer des contraintes mécaniques qui peuvent évoluer vers la raideur, les blocages ostéopathiques, la boiterie…

Le tout se fait lentement « dans le silence de la physiologie » comme le dit René Leriche, un chirurgien et physiologiste.

Un autre aspect de la dissymétrie va se retrouver dans la forme de la pousse des sabots. Simplement parce que le pied est constitué de tissus (tout comme le squelette) et que la corne pousse elle aussi en fonction des contraintes mécaniques. La corne est ainsi un témoin de l’état des structures internes du pied tout comme elle est dépendante de la posture du cheval. Il est d’ailleurs regrettable que la lecture de la corne et des structures du pieds ne soit pas apprise aux cavaliers non plus. Se cantonner à l’aplomb est insuffisant et revient à considérer la corne comme un morceau d’ongle à couper. C’est malheureusement bien réducteur pour comprendre le fameux « pas de pieds, pas de cheval » !

Bref, la boucle entre la posture du cheval, les déformations éventuelles des sabots-pieds, les blocages ostéopathiques et les problèmes d’équilibre et de rectitude rencontrés en équitation se retrouvent et sont donc liés et interdépendants…

A l’origine, Pierre Beaupère a écrit cet article à la demande de Guillaume Parisot sur son blog relatif à la podologie équine pour expliquer le lien entre le déséquilibre des pieds et la posture du cheval facteurs de blocages ostéopathiques.

Ayant de mon côté pu lire cet article, j’ai voulu à mon tour en faire profiter les lecteurs de soins et toucher, puisque nos trois approches se complètent et relèvent d’un vision globale de la prise en charge de l’équilibre du cheval.

Je laisse donc maintenant la parole à Pierre Beaupère pour poursuivre…

Introduction

Pourquoi les chevaux sont-ils plus difficiles à plier d’un côté que de l’autre ? Pourquoi prennent-ils plus de contact sur une rêne que sur l’autre ? Pourquoi ont-ils tendance à se coucher à l’intérieur des cercles d’un côté et à les agrandir de l’autre ? Pourquoi dérobent-ils toujours du même côté lorsqu’ils refusent de sauter ? Pourquoi les changements de pied passent bien d’un côté et pas de l’autre ?

Et surtout, quel est le lien entre ces problèmes équestres et les différences de forme des pieds des chevaux ?

En effet, l’auteur de podologie équine libre a déjà réalisé un travail extrêmement complet en ce qui concerne les différences de forme et de pousse entre les sabots du côté gauche et du côté droit. Il s’est ensuite intéressé à leurs effets tout autant qu’aux causes ostéopathiques, montrant très bien comme les différences de forme et de hauteur des sabots ont des conséquences désastreuses sur la posture du cheval. Mais aussi qu’elles provoquent des blocages ostéopathiques. Il a enfin très bien montré comment les blocages et les tensions dans le corps du cheval provoquent une pousse des sabots inégale.

Généralement, l’intérêt des pareurs et des ostéopathes s’arrête malheureusement là, presque comme un constat d’impuissance face à tout ce qui touche au cheval monté. Je ne peux donc que remercier l’auteur de ce blog d’avoir osé chercher encore plus loin, de tenter d’avoir une approche globale du cheval et une vision de notre travail de professionnel où tout le monde (pareur, ostéopathe, entraîneur, dentiste, etc.) travaille ensemble à pousser au maximum le bien-être et le confort des chevaux, mais aussi la formation et la culture des cavaliers.

Ce qu’il faut tout d’abord bien comprendre, c’est qu’à moins d’un accident ou d’une malformation de naissance, la forme des pieds des chevaux est liée à leur dissymétrie naturelle, donc au fait qu’ils sont droitiers ou gauchers. En effet, cette dissymétrie naturelle va avoir une influence sur la posture du cheval à l’arrêt (donc la manière dont il répartit son poids sur ses quatre pieds) autant que sur sa locomotion, même lorsqu’il n’est pas monté.

C’est la raison pour laquelle on parle de dissymétrie naturelle, car les chevaux naissent droitiers ou gauchers, comme nous humains, et comme tous les mammifères.

Je ne vais pas ici rentrer dans les détails de la pousse des pieds, car l’auteur de ce blog l’a déjà traité en détail. Je vais seulement montrer comme la dissymétrie naturelle et la forme des pieds sont liées.

Pour cela, il faut garder à l’esprit que la pousse des pieds d’un cheval est influencée par la pression exercée sur le pied. Et à partir de là, il nous faut maintenant expliquer ce qu’est un cheval droitier ou gaucher.

Le cheval n’est pas un poisson

On a énormément discuté de l’origine de la dissymétrie des chevaux. De nombreux auteurs ont affirmé (et certains l’affirment encore) que celle-ci était due à la position du poulain dans le ventre de la mère, qui provoquerait un développement musculaire qui ne serait pas identique du côté gauche et du côté droit de l’animal.

Il est aujourd’hui admis par la plupart des scientifiques que la dissymétrie vient du fait que le cheval est, comme nous, droitier ou gaucher, ce qui est une caractéristique des mammifères puisqu’ils possèdent un cerveau à deux hémisphères.

A mon sens, vous aurez une preuve de cela en regardant un chien trottiner de dos. Il dérivera toujours vers la gauche ou la droite et ses pattes arrière ne seront pas dans l’axe des pattes avant.

Or, le chien n’avait pas la même position que le cheval dans le ventre de sa mère. D’autre part, des études ont montré que les mammifères marins comme le dauphin ont eux aussi un côté et même un œil de prédilection et sont aussi gauchers ou droitiers.

A partir de cette constatation, il va suffire de transposer au cheval ce qui est évident pour nous lorsque nous parlons d’humains droitiers ou gauchers.

A quatre pattes !

On dit souvent que le malheur des chevaux est qu’ils ont des réflexes plus rapides que les humains qui les montent. Ou qu’ils ont un comportement de proie et qu’il nous est donc difficile de les comprendre car nous n’avons pas évolués de la même manière.

Je pense qu’un des autres malheurs de nos pauvres chevaux est qu’il nous est extrêmement difficile de transposer notre station verticale et ses effets à un animal en station horizontale.

Pourtant, si nous parvenions à imaginer les effets de notre propre latéralité (le fait que nous soyons droitiers ou gauchers) au cheval, nous serions en mesure de comprendre beaucoup mieux ce que nous ressentons une fois assis sur leur dos. C’est ce que nous allons donc faire maintenant…

Et dans la mesure où la proportion de chevaux droitiers et gauchers semble la même que celle que l’on rencontre chez les humains. (Ce que montrent les études biologiques et biomécaniques sérieuses et qui va à l’encontre de bien trop d’auteurs prétendant que la plupart des chevaux sont gauchers !). Nous allons donc principalement présenter des dessins de chevaux droitiers.

Pour vous mettre à la place de notre cheval, vous allez commencer par vous isoler.

En effet, il vaut mieux que votre famille ne vous voie pas dans cette position pour éviter de passer pour fou ou folle.

Mettez-vous à quatre pattes. Si vous êtes droitier (- ère), vous devriez déjà sentir que vous placez plus de poids sur votre main droite et donc sur votre épaule droite. Si ce n’est pas le cas naturellement, chargez un peu plus votre bras droit. Que sentez-vous au niveau des genoux ? Que votre genou gauche est légèrement moins appuyé sur le sol que votre genou droit. Vous voilà donc immédiatement dans une attitude assez proche de celle de votre cheval droitier.

Le cheval droitier va avoir tendance à décaler ses épaules vers la droite pour s’aligner sur son antérieur droit, qui lui sert de soutien, de point d’appui. Cela a pour conséquence une légère inflexion de la colonne vertébrale mais aussi le fait que le postérieur gauche n’est plus dans l’axe du reste du corps et qu’il supporte moins de poids.

Les pourcentages sont donnés uniquement pour faciliter la compréhension et ne représentent aucune vérité scientifique. Tous les croquis sont de Pierre Beaupère et sont inspirés, pour les vues aériennes, des illustrations du livre « Straightening the crooked horse » par Gabriele et Klaus Schöneich, aux éditions Trafalgar Square ©.

Cette différence de répartition du poids du corps du cheval va en elle-même, avant même qu’il soit en mouvement, avoir un effet sur la pousse des sabots à l’état naturel. L’antérieur droit étant soumis à une pression plus importante que l’antérieur gauche chez le cheval droitier.

C’est aussi cette dissymétrie naturelle qui va provoquer le fait que le cheval avance généralement toujours le même antérieur pour brouter. On peut développer longuement ce sujet et comment la vie à l’état sauvage « compensait » ce problème mais il faut en retenir deux choses :

  • La dissymétrie naturelle va influencer le fait que le cheval met toujours le même antérieur en avant lorsqu’il broute. Cette position va influencer l’usure et la pousse du sabot, le cheval mettant plus de poids sur le talon de l’antérieur en avant et plus de poids sur la pince de l’antérieur en arrière. Dès lors, les pieds ne s’usant pas de la même manière, cela vient renforcer la dissymétrie du cheval ! C’est ce qu’on appelle souvent le « petit pied-grand pied ».
  • Une étude à grande échelle menée il y a quelques années dans plusieurs pays d’Europe a montré que les poulains sont aujourd’hui élevés sur des surfaces de pâtures de plus en plus réduites occupées par un nombre important de chevaux, ce qui provoque le fait que l’herbe de ces pâtures est de plus en plus basse.

Or, à l’état sauvage, les poulains commencent à brouter au moment de l’année où l’herbe est la plus haute, ce qui ne leur impose pas de devoir avancer un antérieur et reculer l’autre (les jambes du poulain étant, à cet âge, bien plus grandes et développées que l’encolure, qui est encore très courte !) pour brouter.

Dès lors, l’étude suggérait que l’élevage des poulains sur des pâtures les obligeant à s’abaisser autant pour brouter de l’herbe trop courte renforçait la dissymétrie naturelle, ce qui expliquait pourquoi on rencontre de plus en plus  de chevaux présentant très jeunes une forte asymétrie des pieds ainsi qu’une dissymétrie très marquée lorsqu’on commence à les monter ! (et c’est de là que vient l’idée que le hi/lo puisse être « génétique »!).

 Le cheval en liberté

Observez maintenant un cheval en liberté, que l’on vient de lâcher dans une prairie ou un paddock et qui est heureux de sortir. Voyez la manière dont il tourne. Par nature, les chevaux supportent 70% de leur poids grâce à leurs antérieurs. Cela est dû au fait qu’ils passent l’essentiel de leurs journées la tête vers le bas pour brouter mais aussi parce que cela soulage les postérieurs, qui servent à la propulsion, permettant des démarrages plus rapides à un animal doté d’un fort instinct de fuite.

Nous avons vu qu’un cheval droitier met plus de poids sur son antérieur droit (et donc moins sur son postérieur gauche). Si le cheval, en plein galop, veut tourner, et compte tenu qu’il soutient naturellement 70% de son poids sur ses antérieurs, que va-t-il se passer ?

Trois effets vont se combiner:

  • le fait qu’il soit droitier,
  • le fait qu’il charge son avant-main (et qui s’ajoute au fait qu’il charge déjà plus son épaule droite que n’importe quel autre membre),
  • la vitesse, qui va l’emporter dans son déséquilibre.
  • Lorsqu’il tourne en liberté, le cheval « tombe » donc et tourne pratiquement par perte d’équilibre. Pourquoi « pratiquement » ? Et pourquoi, hormis quelques chevaux particulièrement maladroits, ne tombent-ils justement que très rarement ?

En fait, sans doute pour la même raison que nous dressons les chevaux et pas les vaches : car le cheval possède cette longue encolure qui lui permet de s’équilibrer et qui nous permet de le diriger (la résistance qu’il peut opposer au cavalier est en effet bien moindre qu’un animal qui aurait une très courte encolure, comme la vache).

Observez le cheval qui tourne dans sa prairie, voyez comme il compense l’excès de poids d’un côté en pliant son encolure dans l’autre direction. Voyez comment un cheval qui monte ou descend une pente importante utilise son encolure pour s’équilibrer. Personnellement, le simple fait d’observer cette mécanique et cette manière de gérer les différentes parties de leur corps me donne une admiration sans borne pour les chevaux.

Je pense qu’un grand nombre de cavaliers auraient beaucoup plus de respect pour leur monture s’ils prenaient le temps de les observer vraiment.

Pas seulement leur beauté, leur robe ou leurs allures mais la manière dont ils utilisent leur corps en totale liberté. Ils comprendraient peut-être aussi l’extrême difficulté de ce qui est demandé à l’animal lorsqu’il est monté, ne fût-ce qu’au niveau de rééquilibrage qu’impose le fait de nous avoir en position assise sur leur dos et de ne pas toujours suivre leur équilibre naturel.

Je suis convaincu qu’alors un grand nombre de cavaliers réfléchiraient à deux fois avant de chercher à corriger systématiquement les problèmes par des rênes fixes, des martingales, des rênes allemandes ou l’encapuchonnement (qu’on l’appelle LDR, deep and round, hyperflexion, rollkur ou n’importe quel autre mot pour tenter de cacher ce que c’est).

Il est vraiment évident, grâce à ce dessin, de comprendre comment le cheval se rééquilibre et utilise son encolure comme balancier. Dessin au feutre par Pierre Beaupère, inspiré d’une photo ©.

L’effet de la dissymétrie sur les muscles du cheval

Nous avons vu qu’un cheval droitier met plus de poids sur son antérieur droit. S’il se met en mouvement, il va « tomber » sur celui-ci et au lieu d’avancer vers l’avant, il va donc dériver vers la droite. Pour compenser, le cheval va décaler son encolure vers la gauche.

Quels vont être les effets sur les muscles du cheval ?

Que vous soyez debout ou assis, déplacez votre épaule droite vers la droite et penchez votre tête vers la gauche. Que ressentez-vous au niveau des muscles de votre cage thoracique ? Votre côté droit s’allonge et votre côté gauche se contracte.

La dissymétrie va donc provoquer chez le cheval un raccourcissement des muscles du côté gauche (côté « contracté ») et un allongement du côté droit (côté « long »). C’est ce phénomène qui faisait dire aux anciens qu’elle trouvait son origine dans la position du poulain dans le ventre de sa mère.

Dès lors, même si les épaules se déplacent sur une ligne parfaitement droite, il est impossible pour le cheval que l’entièreté de son corps reste droite car avec le temps, les muscles de son côté gauche et de son côté droit ne se sont pas développés à l’identique et n’ont pas la même longueur !

Vouloir comprendre le mouvement, que ce soit d’un objet ou d’un corps vivant, et tenter de l’influencer sans tenir compte de son centre de gravité est impossible et serait une énorme erreur. Heureusement, si la notion de centre de gravité peut sembler rébarbative pour certains, elle est en réalité assez simple à comprendre dans le cas qui nous intéresse.

Pour simplifier, il faut considérer que le centre de gravité est le point d’équilibre. Tant que le centre de gravité reste à l’intérieur de la base de sustentation, c’est-à-dire la surface sur laquelle repose le corps, celui-ci est en équilibre. Dès l’instant où la position du centre de gravité sort de cette base d’appui, le corps perd l’équilibre et va tomber en direction du déplacement du centre de gravité jusqu’à retrouver l’équilibre (que les physiciens me pardonnent ces simplifications !).

La position du centre de gravité. Lorsqu’on se penche en avant, dès que le centre de gravité sort de la surface d’appui, l’équilibre est instable et le corps tombe, en suivant la direction du centre de gravité. Si on avance une jambe, le centre de gravité tombe à nouveau dans la surface d’appui et le corps est à nouveau en équilibre.

Qu’en est-il du cheval ?

Il est important de différencier le cheval idéal, parfaitement droit et symétrique, du cheval « normal ».

Vous constaterez d’ailleurs que c’est la représentation du cheval parfait qui est utilisée dans pratiquement toute la littérature équestre pour illustrer le cheval à l’arrêt, ce qui est peut-être une des causes de l’absence de prise de conscience de la majorité des cavaliers de l’importance de la latéralité.

 

Cela reviendrait au même que de définir l’humain « normal » comme étant celui représenté bras et jambes écartés par Léonard de Vinci.

L’homme parfait par Léonard de Vinci et l’Homme Moderne par Charly Debray ©.

Le fait que le cheval utilise de préférence son antérieur droit et place plus de poids sur cette jambe va donc provoquer un transfert du centre de gravité vers la droite et vers l’avant. Dès lors, lorsque le cheval est en mouvement, le risque que le centre de gravité sorte de la surface d’appui est beaucoup plus grand, donc le cheval est dans un état de déséquilibre presque permanent. Plus il ira vite, plus cet effet sera important. De même s’il est naturellement, ou à cause d’un travail incorrect, fortement sur les épaules.

La position du centre de gravité chez le cheval idéal et chez le cheval droitier (déplacé vers l’avant, vers la droite et vers le bas). Remarquez comme le centre de gravité se déplace du postérieur gauche vers l’antérieur droit ©.

Pour revenir ici aux pieds des chevaux, observez sur le dessin au-dessus l’effet du mouvement sur la manière dont le cheval va poser ses pieds. On comprend alors aisément que l’usure des sabots sera complètement différente pour les quatre pieds.

Photo collection personnelle Pierre Beaupère ©.

 Les autres forces agissant sur le cheval en mouvement

Je vais tenter ici de faire assez court, même s’il est parfois difficile de résumer un sujet qui me passionne depuis plus de 15 ans.

Je ne parlerai donc pas de toutes les autres forces qui ont un effet sur le cheval lorsqu’il est en mouvement, qu’il soit à la longe ou monté. Il faut juste retenir que la force centrifuge va s’ajouter au déplacement du centre de gravité, et que cela va avoir un effet sur les muscles, les tendons, et les articulations du cheval.

On peut en avoir une idée sur le schéma suivant représentant un cheval à la longe, et qui me semble assez parlant :

L’effet de la combinaison du déplacement du centre de gravité et de la force centrifuge place une contrainte sur les muscles du dos (le muscle longissimus, la contrainte étant ici sur le côté droit) et de l’encolure du cheval (en orange), sur le squelette (en rouge) et sur les articulations et les tendons, surtout du côté droit (en bleu), car l’antérieur et le postérieur partent dans une direction différente de celle suivie par le corps du cheval ©.

 A l’arrêt

Posons un cavalier sur notre cheval droitier, donnons-lui des rênes et demandons-lui de les tendre :

Le cheval ayant les muscles du côté gauche plus contractés, le cavalier, s’il ajuste les rênes à la même longueur, sentira sa rêne droite plus tendue ainsi qu’une résistance s’il tente de fléchir l’encolure du cheval de ce côté.

L’effet « ciseaux »

Si le cavalier insiste malgré tout pour fléchir son cheval à droite, toujours à l’arrêt, que va-t-il se passer, dans la mesure où, même sans bouger, le cheval supporte plus de poids sur son antérieur droit et que ses muscles sont plus courts à gauche qu’à droite?

Pour éviter de se plier, et donc d’étendre les muscles trop courts, le cheval va écarter ses postérieurs (surtout le gauche) dans le sens opposé au pli difficile. C’est la différence entre le cheval correctement assoupli et flexible comme un bambou et celui qui est raide comme un morceau de bois.

L’effet « ciseaux » : si le cavalier force le cheval droitier à se plier à droite, il va écarter son postérieur afin d’éviter d’étendre les muscles de son côté gauche, qui sont contractés et « courts » ©.

L’effet « ciseaux » : le cheval va pivoter autour de l’antérieur droit. Celui-ci étant plus chargé, il est donc moins mobile. Le postérieur gauche étant moins chargé, il est facile pour le cheval de l’écarter. Illsutration inspirée du livre « Straightening the crooked horse » par Gabriele et Klaus Schöneich ©.

Cette réticence du cheval à étirer ses muscles du côté contracté, trop court, est très importante dans la compréhension des résistances du cheval. La douleur que peut représenter pour lui le fait d’être forcé à se plier du côté droit est comparable à celle que vous ressentiriez si on vous forçait à faire un grand écart (sauf si vous le faites déjà bien sûr).

Il devient alors évident, comme toujours lorsque l’on a l’empathie suffisante pour se mettre ne fût-ce qu’une seconde dans la peau du cheval, que l’étirement du côté gauche devra être fait en douceur, en respectant la limite du cheval et en étirant chaque jour un peu plus les muscles, de la même manière que vous souhaiteriez que l’on vous laisse le temps d’être suffisamment souple pour effectuer le grand écart.

Par contre, le cheval droitier tentera d’éviter de prendre du contact sur la rêne gauche et se pliera donc volontiers de ce côté, ce qui donnera alors ce que l’on appelle un « faux pli », un pli pour éviter le contact.

Pourquoi ? Car un pli correct, avec un contact moelleux, impliquerait que les muscles du côté gauche se tendent (nous parlons ici d’une légère tension qui permet au cheval de garder le contact avec la rêne sans pour autant résister ni tirer). Rappelez-vous votre dernier torticolis : auriez-vous volontiers étiré les muscles de votre nuque du côté contracté, celui où vous étiez coincé ?

 Sur la ligne droite

En mouvement, le cavalier sentira le cheval droitier « dériver » en permanence de la ligne droite, comme un bateau sans dérive ni gouvernail qui sera juste poussé sur la droite par un vent venant de la gauche.

Notez que le cavalier est alors dans une impasse car le cheval, à ce stade, n’a pas les hanches en face des épaules à cause du déséquilibre musculaire. Si le cavalier parvient à maintenir les épaules sur la ligne droite, il va non seulement devoir garder un contact beaucoup plus important sur la rêne droite mais il n’aura de plus pas résolu pour autant le problème de la différence de longueur des muscles. Dès lors, s’il veut maintenir l’encolure alignée sur la ligne droite, les postérieurs s’en écarteront vers la gauche, et s’il veut tenter de maintenir les hanches alignées il sera alors dans une position proche de l’épaule en dedans à gauche.

Lorsque le cavalier tente d’effectuer une ligne droite avec un cheval qui n’a pas été correctement redressé, il devra soit aligner les hanches et les épaules, soit forcer l’encolure à rester dans l’axe des épaules. Mais dans les deux cas, il n’aura pas résolu le problème de la différence de contact entre la rêne gauche et la rêne droite et il lui manquera le contrôle d’une des parties du corps du cheval (encolure sur le premier dessin et hanches sur le deuxième) ©.

 Sur le cercle

Plus la vitesse augmente, plus le cheval est soumis à la force centrifuge. D’autre part, nous avons vu que notre pauvre cheval est dans un déséquilibre permanent, qu’il tombe continuellement sur son épaule droite à la recherche de son équilibre. Dès lors, si on ajoute le poids du cavalier qui tente, lui aussi, de maintenir son équilibre et qui est, lui aussi, soumis à la force centrifuge, on comprend aisément une série de points cruciaux :

  • la difficulté du problème posé par la correction de la dissymétrie naturelle du cheval vu la quantité de facteurs et de forces qui entrent en jeu ;
  • le fait que le cavalier puisse aggraver la dissymétrie naturelle, par son manque d’équilibre, sa propre dissymétrie mais aussi par des réactions inappropriées ;
  • l’inconfort permanent dans lequel se trouve le cheval qui n’a pas appris à se déplacer dans l’équilibre avec le cavalier sur son dos.

Ce dernier point laisse entrevoir, assez clairement je pense, l’effet dévastateur que peut avoir aussi bien sur son équilibre mental que physique le travail du cheval sans correction de sa dissymétrie.

Le cercle à droite :

Avec un cheval droitier, c’est sur le cercle à droite que le cavalier aura le plus de difficulté et ressentira le plus grand inconfort. Il aura en effet de grandes difficultés à obtenir un pli correct, à maintenir le fameux contact sur la rêne extérieure et donc à maintenir le cheval sur les hanches.

Il devra en permanence lutter contre la sensation, très forte, que le cheval tombe sur son épaule droite, et donc à l’intérieur du cercle.

La plupart des tentatives de correction se solderont par un dérapage des hanches vers l’extérieur plus que par un rééquilibrage de l’ensemble du corps du cheval. Rappelez-vous qu’à la force centrifuge qui jette les hanches à l’extérieur vient s’ajouter « l’effet ciseaux », c’est-à-dire la réticence du cheval à étirer son côté gauche.

D’autre part, le cavalier lui-même est (logiquement) soumis à la force centrifuge qui tend à le jeter à l’extérieur du cercle (l’équilibre du cheval n’a rien à voir avec ce phénomène, la force centrifuge étant uniquement liée à la vitesse qui nous emmène à continuer dans la trajectoire que nous suivions).

La force centrifuge s’opposant au fait que le cheval a tendance à tomber en permanence vers la droite, nous serons à nouveau dans une impasse. Car si nous voulons à tout prix suivre le cheval et rester en équilibre sur son dos, il nous faudra nous pencher à droite nous aussi, comme sur une moto, ce qui nous ferait aller dans le sens de sa dissymétrie.

Mais si nous tentons de nous y opposer, nous avons la sensation très désagréable de ne plus être assis sur le cheval. N’ayant plus de base réelle pour notre assiette nous serons alors d’autant plus soumis à la force centrifuge. Notre réflexe est alors trop souvent de nous raccrocher à la seule chose que le cheval nous offre de stable : la rêne droite !

Le cercle à gauche :

Pour le cavalier débutant qui monte un cheval droitier en le laissant dans un équilibre naturel, sans tenter d’intervenir, le cercle à gauche est bien souvent le plus problématique.

Qui n’a en effet pas connu l’humiliation d’ouvrir en grand sa rêne, la belle rêne d’ouverture que nous avions apprise et qui jusque là fonctionnait si bien dès qu’il s’agissait de tourner, et de voir notre cheval tourner la tête à gauche sans pour autant décoller ses épaules du mur.

Et qui n’a pas connu le fameux et terrible « cavalier qui va à gauche et cheval à droite » lorsque nous arrivions péniblement à la fin de notre cercle en nous rendant compte que le cheval n’a plus la place pour le finir.

Emporté par notre belle rêne d’ouverture, nous tentions alors désespérément de nous persuader que le cheval tournerait. Mais celui-ci, dans 80% des cas se soustrait à l’action du cavalier pour partir à droite, nous laissant alors le plus souvent couché par terre après une belle culbute le long de son épaule (ce fut très souvent le cas pour moi), soit rouge de honte et de frustration de ne pas parvenir à contrôler notre monture sur un simple cercle.

Sur le cercle à gauche, le déplacement du centre de gravité du cheval droitier vers la droite (extérieur du cercle) vient s’ajouter à la force centrifuge.

Nous avons aussi vu que, de par la différence de tension et de longueur des muscles du côté gauche et droit de son corps, le cheval droitier tend à éviter le contact avec la rêne gauche et à prendre un contact trop fort sur la rêne droite.

Et la force centrifuge vient placer une contrainte supplémentaire sur la différence de musculature gauche/droite de la cage thoracique et du dos.

Le cheval va donc avoir tendance à s’éloigner du cercle, d’autant plus envoyé vers l’extérieur de celui-ci par la force centrifuge qui agit sur lui et sur le cavalier.

Et quand celui-ci va tenter de le ramener sur le cercle, le cheval va donner un pli très important (et facile pour lui) à gauche afin d’éviter au maximum de prendre du contact sur cette rêne et résister fortement sur celle-ci. Dès lors, le pauvre cavalier qui pense bien faire en ayant son cheval au contact de la rêne extérieure et un contact « léger » sur la rêne intérieure réalise qu’il est dans l’erreur, car le contact à droite s’est transformé en un cheval couché sur cette rêne et donc incontrôlable par celle-ci.

Et que la légèreté sur la rêne intérieure s’est transformée en abandon, l’absence de contact sur cette rêne rendant le cheval tout aussi incontrôlable puisqu’il se plie pour éviter le contact.

Le plus difficile est alors pour le professeur de lutter contre cette idée extrêmement répandue et pourtant complètement fausse qu’il doit y avoir plus de contact sur la rêne extérieure.

L’expression de la dissymétrie dans les exercices

Il m’est impossible ici de passer chaque exercice en revue pour vous montrer les effets de la dissymétrie car cela prendrait beaucoup trop d’espace ! Néanmoins, il faut retenir deux choses :

Quel que soit l’exercice, le cheval cherchera toujours à revenir à sa position de base en « demi-lune ». Donc pour le cheval droitier :

Avec un cheval droitier, les épaules en dedans à droite seront « faciles », le cheval donnant beaucoup d’angle mais sans se plier. Dans les épaules en dedans à gauche, il se pliera beaucoup mais en collant ses épaules à la piste.

Les appuyers à gauche seront donc faciles, le cheval donnant en réalité trop de hanches et lâchant le contact sur la rêne intérieure. L’appuyer à droite étant l’inverse de la position que le cheval veut prendre, il résistera sur la rêne intérieure et refusera le pli, et il bloquera son épaule intérieure.

Dans tous les cas, si on force le pli le cheval cassera son encolure au niveau de la 3e ou 4e cervicale et s’encapuchonnera.

  • Dès l’instant où le cheval se comporte différemment dans l’exercice à gauche et à droite, vous pouvez être certain que vous êtes confronté à un problème de dissymétrie naturelle qui n’a pas été suffisamment bien corrigé.

Que ce soit les changements de pied qui passent bien à gauche et pas à droite, les appuyers plus difficiles d’un côté, des diagonaux qui ne fonctionnent pas de la même manière dans le piaffé ou une épaule en dedans plus difficile d’un côté que de l’autre, ce n’est pas en répétant l’exercice inlassablement que vous corrigerez le problème.

C’est en apprenant à votre cheval à utiliser les deux côtés de son corps de la même manière et à repartir son poids du corps de manière égale sur ses deux côtés que vous corrigerez vos difficultés.

 Les effets de la dissymétrie naturelle sur les pieds et sur les blocages ostéopathiques

Il me semble important ici d’insister sur le travail conjoint du pareur (ou du maréchal ferrant), de l’ostéopathe ET du cavalier.

En effet, je pense que ce que nous avons vu jusqu’ici montre bien que même un cheval extrêmement bien paré et dont le corps a été parfaitement rééquilibré par un ostéopathe compétent reviendra très rapidement dans ses déséquilibres si la dissymétrie naturelle n’a pas été corrigée par le cavalier.

J’insiste sur ce point car je rencontre énormément de cavaliers qui voient les pareurs et les ostéopathes comme des magiciens, qui devraient à eux seuls résoudre tous les problèmes de symétrie.

On entend encore trop souvent les cavaliers dire : « Mon cheval ne veut pas se plier à droite donc je vais faire venir l’ostéopathe. » Si la démarche est à la base pleine de bonnes intentions car le cavalier cherche à améliorer le confort du cheval, il faut comprendre que si le travail ne tient pas compte de la dissymétrie, les blocages ostéopathiques reviendront extrêmement rapidement, généralement au bout d’une semaine.

Cela me donne un respect et une compassion infinis pour les ostéopathes, dont j’admire la capacité à ne pas être désespéré de réaliser à quel point leur travail, même s’il apporte un réconfort au cheval, ne le sauvera pas d’un mauvais travail quotidien par le cavalier. (Merci ;-).

Nous l’avons vu, le basculement du centre de gravité va provoquer un déséquilibre complet aussi bien de l’ossature du cheval que des masses musculaires. Et les effets des forces qui agissent sur l’animal lorsqu’il se déplace, ajoutés aux actions du cavalier qui tente de contraindre le cheval dans une attitude ou une flexion qu’il n’est pas en mesure de prendre, vont encore accentuer ces déséquilibres, provoquant blocages et compensations qui peuvent terriblement abîmer le cheval à long terme, aussi bien mentalement que physiquement.

La bascule du bassin, et la plupart des blocages au niveau des sacro-iliaques, sont, dans la majorité des cas dus à une dissymétrie naturelle qui n’a pas été corrigée par le cavalier, d’autant plus quand ces blocages sont récurrents.

En 15 ans d’enseignement, à donner 1000 à 1500 leçons par an, j’ai pu constater de manière très claire comme les rapports ostéopathiques des différents chevaux que j’ai fait travailler sont à peu près toujours identiques, aussi bien au début du travail avec le cavalier qu’après un an de leçons.

Si au début du travail les sacro-iliaques, notamment, sont presque toujours bloqués, après moins d’un an ce blocage n’apparaît plus jamais, si ce n’est de manière très rare, dans les cas de chevaux ayant subi des traumatismes comme des chutes.

En ce qui concerne les pieds, le principe est le même. Si le cheval ne répartit pas son poids de manière identique à gauche et à droite et s’il n’est pas correctement aligné et équilibré dans sa locomotion, il est pratiquement impossible que les pieds retrouvent une réelle symétrie. En effet, même si le pareur fait un travail extraordinaire, la locomotion et les appuis du cheval vont provoquer une pousse et une usure des sabots qui ne sera pas la même à gauche et à droite.

Le pareur, dans ce cas, devra en permanence recommencer la correction des pieds, là où un travail correct pourrait énormément accélérer le processus et rendre la correction beaucoup plus durable à long terme.

Et ici aussi, les forces agissant sur le cheval en mouvement, ainsi que les actions et contraintes imposées au cheval par le cavalier qui ne corrige pas la dissymétrie, vont provoquer un poser des sabots au sol qui ne respectera pas la direction du mouvement et accentuera les déséquilibres et les différences des appuis, provoquant une pousse et une usure des sabots différentes à droite et à gauche.

Mais attention, si un travail monté incorrect peut anéantir les efforts du pareur et de l’ostéopathe, il ne faut pas minimiser leur impact. En effet, vouloir corriger la dissymétrie naturelle d’un cheval mal paré ou dont les pieds ne sont pas en cours de rééquilibrage rendra la tâche du cavalier beaucoup plus difficile, voire pratiquement impossible dans le cas de très mauvais parages (qui sont malheureusement encore extrêmement nombreux).

Il est d’ailleurs intéressant de constater que lorsque j’ai commencé à réellement comprendre comment corriger la dissymétrie, le pareur de mon entier Topkapi, qui est naturellement droitier très marqué et qui était alors âgé de 4 ans, constatait à chaque parage que les pieds avaient évolué vers plus de symétrie « d’eux-mêmes ». Le cheval se rééquilibrait et s’alignait, provoquant une pousse et une usure des sabots de plus en plus symétriques au fil des semaines. A l’époque, voir cette évolution de mes yeux, avec l’aide du pareur qui me la faisait remarquer, m’avait énormément impressionné.

De même, si un travail monté très bien mené, respectueux du cheval et effectué POUR le cheval peut avoir un effet extraordinaire aussi bien sur son mental que son physique, il sera grandement facilité par un suivi ostéopathique, qui permettra notamment de faire sauter les blocages et de rééquilibrer le cheval le temps que le travail du cavalier fasse pleinement son effet. L’ostéopathe verra alors le cheval moins souvent, uniquement pour de petits ajustements, comme pour un humain athlète, afin d’éviter tout risque d’inconfort.

De la même manière qu’un humain qui doit voir l’ostéopathe très régulièrement pour des blocages récurrents devrait absolument comprendre qu’il doit travailler sa posture (que ce soit par le yoga, les Pilates ou la Technique Alexander), le cheval dont les blocages ostéopathiques sont récurrents devrait attirer l’attention du cavalier sur la qualité de son travail.

Pour que ce chapitre vous marque, je vous invite à regarder à nouveau ce schéma, qui illustre vraiment bien les effets de la dissymétrie sur le squelette, la musculature et les pieds du cheval en mouvement. A lui seul, il me semble un plaidoyer pour montrer l’importance du travail du cavalier afin de rééquilibrer le cheval, qu’aucun pareur et aucun ostéopathe, aussi extraordinaire soit-il, ne pourra jamais faire.

La correction de la dissymétrie et les solutions

Pour entrer en profondeur dans la manière de corriger la dissymétrie du cheval, j’incite les cavaliers à comprendre réellement ses effets sur le cheval. Cet article est un résumé, là où mon livre la traite dans une partie à part entière sur 180 pages ! Il est donc très difficile ici d’aborder en détail la manière de la corriger et d’en tenir compte.

Dans tous les cas, il faut retenir cette notion primordiale : tant que le cheval n’est pas en équilibre et qu’il tombe à droite (pour le cheval droitier bien sûr), il ne sert à rien de vouloir lui mettre la tête à droite !!!

C’est l’erreur que nous commettons tous pourtant, et dans laquelle je me suis enfoncé pendant de nombreuses années sans résultat !

En effet, rappelez-vous le début de cet article : le cheval met la tête à gauche pour compenser le fait qu’il tombe à droite. Vouloir l’obliger à se plier à droite alors qu’il tombe à droite ne fera donc que renforcer son déséquilibre au lieu de le corriger !

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous avez certainement déjà commencé une séance avec le cheval qui prend un peu plus de contact sur une rêne et qu’à la fin de la séance il tirait franchement fort sur cette même rêne ! Dans ce cas, vous avez en réalité renforcé la dissymétrie du cheval au lieu de la corriger !

Pour ce qui est de la correction, il devrait maintenant vous sembler logique que le plus important sera de ramener le centre de gravité du cheval droitier vers l’arrière, vers le haut et vers la gauche, puisque nous avons vu que le cheval droitier suit son centre de gravité qui est décalé vers l’avant, vers la droite et vers le bas.

Mais n’oubliez pas : le cheval droitier, qui suit son centre de gravité dans cette direction, déchargera à chaque foulée son postérieur gauche. Et celui-ci n’est alors plus aligné.

Je fais d’ailleurs une petite parenthèse biomécanique à ce propos, car du point de vue évolutif, c’est un mécanisme « intéressant » pour le cheval. En effet, et cela rejoint la notion de « petit pied/grand pied ». Car cette position « permet » au cheval de mieux spécialiser chacun de ses diagonaux. Un diagonal va donc essentiellement servir de soutien et l’autre servira essentiellement à la propulsion. Toute la phrase devrait être mise entre guillemets car c’est un peu plus compliqué que cela en réalité.

Mais une bonne image pour comprendre l’effet sur le cheval est de vous imaginer faire du skateboard. Vous aurez un pied sur la planche qui soutiendra le poids de votre corps. Et votre autre pied sera décalé, hors de la planche, sans avoir à soutenir le poids du corps, afin de vous propulser vers l’avant et faire rouler le skateboard !

Cette forme de « spécialisation » des diagonaux, qui est une résultante de la dissymétrie naturelle, est, d’un point de vue évolutif, intéressante, car elle permet au cheval d’avoir une fuite encore plus efficace dans le galop (cette allure étant elle-même dissymétrique puisque le côté gauche et droit du cheval ne réalise pas le même geste).

En ce qui concerne la correction, si on veut ramener le centre de gravité du cheval vers la gauche, vers le haut et vers l’arrière, il faudra d’abord que le postérieur gauche soit aligné !

Pour vous en rendre compte, c’est assez simple : placez-vous debout, bien droit, les jambes écartées. Pliez ensuite votre jambe droite et placez votre buste bien au-dessus de cette jambe. Dans cette position, tentez de lever votre pied droit du sol.

Que se passe-t-il ? Vous allez systématiquement retomber rapidement sur votre pied droit ! En effet, votre pied gauche étant décalé de votre buste, il ne peut supporter votre poids. Si vous voulez pouvoir garder la jambe droite en l’air, il vous faudra d’abord ramener votre pied gauche sous votre buste, pour ensuite pouvoir charger votre jambe gauche.

Photo par Marie Mercier ©.

Il en va de même pour le cheval ! Et c’est la raison pour laquelle aucune contrainte et aucune action sur la rêne droite ne peut réellement provoquer le rééquilibrage du cheval. Car tant que le postérieur gauche ne vient pas « à sa place », il sera impossible de le charger ! Et tant qu’on ne le charge pas, l’excès de poids qu’il ne supporte pas se reportera sur l’antérieur droit, rendant la correction inefficace !

Si on veut un cheval réellement droit et aligné, qui prend un contact bien égal sur les rênes et se plie aussi facilement d’un côté que de l’autre, il faut bien comprendre que cela implique que les deux postérieurs effectuent le même travail, c’est-à-dire que chacun à son tour prenne à sa charge la propulsion ET le soutien.

Le premier objectif du travail sur la dissymétrie naturelle sera donc d’éduquer le postérieur gauche à rester sous le ventre du cheval, sans chercher à le plier à droite.

Et ce n’est que lorsque le cheval aura appris à utiliser son postérieur gauche de la même manière que son postérieur droit qu’il sera en mesure de charger ce postérieur gauche. Lorsque ce sera le cas, cela enlèvera l’excès de poids qui était jusqu’alors déplacé vers l’épaule droite.

Alors seulement l’épaule droite étant soulagée de cet excès de poids et le cheval ne tombant plus en permanence vers la droite, nous pourrons travailler sur les muscles, en cherchant à allonger le côté court et à raccourcir le côté long.

Pour cela, il faudra avoir à l’esprit la notion de muscle antagoniste et donc comprendre qu’allonger un muscle volontairement est impossible. Il faudra en réalité, pour obtenir la flexion à droite, que le côté long se raccourcisse. C’est la raison pour laquelle toute action de main droite pour plier le cheval droitier à droite ne fera que renforcer la dissymétrie au lieu de la corriger ! C’est la jambe droite qui obtiendra donc ce résultat !

Mais que la jambe droite parvienne à ce résultat, il sera impératif d’avoir pris le contrôle du postérieur gauche et de l’avoir « fixé » à sa place. Car nous avons vu que si nous n’avons pas pris le contrôle du postérieur gauche, l’effet ciseaux provoquera le fait que le cheval va pivoter autour de son antérieur droit et écarter son postérieur gauche au lieu de se plier à droite.

 Le cheval droit

Cet article devrait vous donner une idée des implications de la dissymétrie sur la locomotion et l’équilibre du cheval, et vous faire entrevoir les possibilités de la corriger.

Pour terminer, je souhaite attirer votre attention sur certains points.

En effet, tant que le cheval n’a pas été « redressé » (je préfère la notion d’aligné), il est en permanence dans le déséquilibre sous la selle.

J’aimerais que vous imaginiez l’inconfort extrême dans lequel le cheval se trouve alors. Plus encore, imaginez la sensation pour le cheval lorsque le cavalier lui tire l’encolure vers la droite pour le forcer à se plier, alors que cela ne fait qu’aggraver son déséquilibre.

D’autre part, il est évident qu’un article de blog ne peut vous donner toutes les clés, ni pour réellement comprendre tous les effets sur le cheval ni sur la position du cavalier, et encore moins la manière de la corriger.

Mon but ici était avant tout de vous faire prendre conscience des raisons de vos problèmes et de vos difficultés équestres, et vous donner de l’espoir car la dissymétrie, une fois bien comprise, se corrige assez facilement et permet une locomotion et une harmonie telle que peu de cavaliers (et de chevaux !) ont la chance de connaître.

Il me semblait d’autre part extrêmement important d’insister sur le fait que la dissymétrie naturelle provoque une série d’effets sur le cheval qui peuvent sembler inexplicables ou insurmontables à beaucoup de cavaliers. D’autant plus que de nombreux maréchaux, vétérinaires, ostéopathes et (pire) entraîneurs et coaches ont encore tendance aujourd’hui à considérer que « c’est comme ça et on ne peut rien y faire ».

Pour vous convaincre de ce qu’il est possible d’apporter aux chevaux, mais aussi des effets extrêmes que peut avoir la dissymétrie naturelle sur la locomotion d’un cheval, je souhaitais conclure en vous montrant la vidéo du cheval W. et vous joindre quelques lignes écrites peu après le tournage des dernières images de la vidéo :

« Lorsque j’ai commencé à réellement comprendre comment travailler sur la dissymétrie naturelle des chevaux, j’ai pris conscience de deux choses :

  • le travail sur la rectitude avait des effets bénéfiques que peu de cavaliers ou même de vétérinaires pouvaient ne fût-ce qu’envisager,
  • il me fallait à tout prix confronter mes idées et ma manière de procéder avec des cas extrêmes afin de la valider.

En novembre 2011, un peu moins d’un an avant d’écrire le livre Equilibre et Rectitude, une vétérinaire, spécialisée dans la remise en route de chevaux atteints de boiteries et convaincue de l’importance de la rectitude pour la santé du cheval m’informa qu’elle avait, dans sa clientèle, un cheval qui pourrait m’intéresser et qui nous permettrait de confronter nos croyances et nos convictions à la réalité. Nous risquions une terrible désillusion et, pour moi, un aveu d’incompétence, mais je me sentais prêt à y faire face et à remettre ce que je pensais avoir compris en question encore une fois…

Mister White

Mais lorsqu’elle m’expliqua à quoi nous allions faire face, je ne pus réprimer le sentiment que j’avais été prétentieux et que je m’attaquais à un problème qui dépassait largement mes compétences…

Elle me décrivit W. (son nom restera une seule lettre pour éviter de nuire aux propriétaires, aux cavaliers et aux vétérinaires précédents) comme un hongre hanovrien de 12 ans.

Le cheval avait été acheté pour une somme importante en Allemagne par sa propriétaire précédente puis placé chez un cavalier professionnel en Allemagne, dont le nom est assez connu, pour y être mis au Grand Prix.

Le constat, après deux ans de travail, fut sans appel : le cheval refusait de marcher au pas sans s’énerver, il se défendait violemment à la demande du piaffé, présentait des irrégularités très fréquentes et des sauts de pie dans le passage et la plupart des exercices exigeants du rassemblé.

Mais surtout, il présentait une boiterie assez marquée sur l’antérieur gauche qui avait été traitée tous les six mois par des infiltrations et qui réapparaissait systématiquement. La nouvelle propriétaire, au moment de l’achat, n’en ayant visiblement pas été informée.

Quelques mois après avoir acheté le cheval il se mit à boiter et celle-ci décida de faire poser un diagnostic dans une clinique vétérinaire belge. Là aussi, le constat fut sans appel et le cheval déclaré naviculaire (sans que celui-ci ne soit clairement visible aux radios, ce qui est possible dans certains cas de ce que l’on appelle le syndrome naviculaire), fut condamné par les vétérinaires à ne plus être monté que pour des balades au pas rênes longues.

La propriétaire, à la ténacité impressionnante, refusa le diagnostic et fit appel à une autre vétérinaire qui, convaincue de pouvoir aider le cheval, lui demanda de changer complètement son mode de vie (nourriture naturelle, sorties quotidiennes en prairie pratiquement toute la journée, déferrage et parage adapté) et me proposa de venir le voir.

En arrivant et en regardant le cheval évoluer avec sa cavalière durant les premières minutes, il était clair que les problèmes étaient nombreux et plus compliqués encore que prévu. Le cheval était très grand, avec beaucoup de présence. Son œil très noir et ses expressions laissaient deviner une colère sous-jacente prête à exploser en permanence. Sa puissance m’inquiétait car s’il avait été comprimé durant plusieurs années il risquait d’être difficile de la gérer lorsque nous le laisserions plus libre.

La cavalière, à l’équitation très propre, manquait d’expérience ; elle avait acheté le cheval justement pour progresser…

D’autre part, le cheval était passé par les mains d’un professionnel, qui plus est assez reconnu. Outre le fait de me « confronter » à ce qu’il avait tenté de tirer du cheval sans forcément y parvenir malgré son expérience, je pouvais constater que le cheval avait déjà appris beaucoup de choses. Or il est généralement plus facile de corriger les problèmes de locomotion d’un cheval vert, qui ne connait rien et à qui on peut immédiatement apprendre les exercices correctement que d’un cheval « dressé » qui pense reconnaître les signaux pour un exercice qu’il effectue machinalement. Les épaules en dedans, par exemple, deviennent alors beaucoup plus difficiles à utiliser pour décontracter le cheval car il a appris à les effectuer sous tension et ne réagit souvent plus aussi bien aux aides du cavalier. De même son attitude et son déplacement étaient très artificiels et figés, le dos raide, l’encolure et les épaules bloquées pour avoir été monté durant très longtemps en bride dans une attitude très haute et sans en sortir.

Et surtout, la boiterie de l’antérieur gauche, très légère, parfois à peine visible et parfois évidente.

Je me souviens avoir dû me persuader très fort que cela valait la peine d’essayer. Je me souviens avoir eu la sensation d’un guerrier sur un champ de bataille qui soudain se retrouve face à un monstre gigantesque. Je me souviens m’être préparé à une grande déception.

W m’a plusieurs fois poussé dans mes retranchements. C’est pour faire face à la difficulté d’aider cette cavalière qui habite très loin de chez moi et que je ne peux voir souvent que j’ai mis la séquence d’exercices de correction au point.

Lorsque les effets des dernières infiltrations eurent complètement disparu, il a enchaîné les soucis physiques, les abcès, lymphangites et autres, son corps évacuant les toxines et les produits chimiques. C’est la troisième fois que je constate cette réaction du corps des chevaux après l’arrêt définitif des infiltrations et pour les deux chevaux que je connais depuis longtemps il a fallu plus d’un an pour qu’ils disparaissent pratiquement, mais pas tout à fait.

C’est dire leur puissance, leur rémanence et l’effet qu’ils ont sur l’organisme des chevaux. Je ne comprends pas que les vétérinaires qui les utilisent (certains même préventivement, après des séances d’entraînement un peu fortes !) ne préviennent pas leur client de ces effets…

Les défenses liées au passé de W. m’ont plusieurs fois ramené sur terre et imposé la patience quand je voulais aller trop vite ou que je pensais avoir gagné. Avec un cheval de cette taille et de cette force la sensation qu’il risque de se mettre debout parce que quelque chose lui rappelle son passé est vraiment très impressionnante…

Et pourtant…

Après dix minutes lors de la première séance, ce cheval, que le cavalier professionnel considérait fichu et que les vétérinaires avaient condamné à la retraite, ne boitait pratiquement plus.

Avec du temps, de la patience, l’acharnement et l’amour de sa cavalière, il n’a cessé de progresser, malgré plusieurs arrêts pour laisser son corps récupérer. Je souris en écrivant ces quelques lignes sur lui car je l’ai vu il y a trois jours et qu’il nous a donné une séance exceptionnelle, parfaitement régulier dans son trot et décontracté, malgré des conditions météo difficiles.

L’entièreté des séances de W. a été filmée. Nous avons ainsi la preuve de son évolution et espérons pouvoir mener son dressage à bien. Mais n’est-ce pas cela, justement, mener le dressage à bien ?

La séquence d’exercices

Lors de la première séance avec W. et sa cavalière, j’ai monté le cheval durant la première demi-heure, afin de sentir s’il serait possible de l’avoir un jour droit et sans boiter. Dans la mesure où je savais, qu’à la fin de la leçon je n’aurais pas l’occasion de revenir donner cours à la cavalière avant deux semaines, je cherchais, avant de descendre, un moyen de lui expliquer en moins de vingt minutes comment travailler son cheval, quelque chose auquel elle puisse se raccrocher pour lui donner espoir et mettre immédiatement le cheval sur la bonne voie…

J’ai donc rapidement mis au point, ce jour-là, une petite suite d’exercices très simples mais dans des attitudes et des équilibres bien particuliers afin qu’elle sache exactement quoi faire en attendant la séance suivante.

Lorsque j’ai revu le cheval quinze jours plus tard, j’ai été tellement impressionné par le résultat, par la justesse des aides de la cavalière qui avait pu se décontracter en s’en remettant à la séquence d’exercices autant que par les progrès du cheval que j’ai décidé de l’essayer avec d’autres élèves.

Et en l’espace de quelques mois, de nombreux élèves purent sentir comment corriger et tenir compte de la dissymétrie de leur cheval. Ils savent qu’ils doivent revenir à la séquence en cas de problème ou si le cheval ne donne plus un contact égal avec la main.

Chez certains chevaux, la difficulté à la réaliser leur a mis en évidence d’autres problèmes. Tous ont maintenant un parachute, quelque chose qui fonctionne, dans lequel ils peuvent avoir confiance car à chaque fois que nous y sommes revenus, nous avons corrigé les problèmes de différence gauche-droite. Et les pauvres humains que nous sommes se sentent mieux et plus confiants s’ils ont quelque chose auquel se raccrocher…

En réalité, la séquence est juste fondée sur les exercices de base : cercles, diagonales, simples flexions et éventuellement, lorsque le cheval progresse, épaules en dedans puis têtes au mur, en montant d’une manière bien particulière à chaque fois pour compenser les effets de la dissymétrie naturelle. Mais elle va surtout éduquer aussi bien le cavalier que le cheval. Celui-ci va pouvoir apprendre et intégrer un nouvel équilibre et une nouvelle locomotion.

Je l’enseigne depuis de nombreuses années durant mes stages et de nombreux cavaliers à travers le monde m’ont écrit pour me témoigner des résultats qu’ils ont obtenus grâce au livre et à cette séquence, avec des chevaux parfois très problématiques.

Conclusion

Monter un cheval parfaitement droit et équilibré est une sensation merveilleuse et, pour le cheval, surtout lorsqu’il a été monté durant des années dans sa dissymétrie, une sorte de libération. Lorsque la séquence est bien exécutée, que le cheval et le cavalier l’ont comprise et intégrée et que l’on arrive au dernier cercle, on a l’impression, autant à cheval qu’en tant que spectateur que tous les nœuds de tension, toutes les contractions, tous les verrous physiques et mentaux sautent les uns après les autres.

Il n’y a rien de magique, c’est juste le corps qui se libère, qui est équilibré et le cheval peut alors exprimer toute sa force et ce dont il est réellement capable…

J’ai vu le beau W. une dizaine de jours avant d’écrire ces lignes. Le cheval s’est musclé, il ne se défend plus. Il commence son travail au trot sans que l’on puisse distinguer la moindre irrégularité. Il est détendu, se fléchit également à gauche et à droite et commence à garder la même attitude lorsqu’il se redresse. Ses allures sont devenues beaucoup plus naturelles, son œil a changé.

Malgré du vent et des conditions difficiles en piste extérieure, il est resté confiant et avec sa cavalière, qui a fait un travail formidable.

Nous n’avons pas gagné, nous n’avons rien réussi ni accompli quoi que ce soit.

Nous n’avons fait que tenter de rétablir ce qui était à la base naturel au cheval, ce qui faisait qu’il est W., ses caractéristiques propres.

Nous n’avons fait que chercher un peu d’harmonie et de décontraction, ce qui aurait peut-être dû être la première chose qu’il devait apprendre après son débourrage.

Je suis dans le train qui me ramène d’un stage en France alors que je termine ces lignes. J’ai donné, dans le cadre du stage, une conférence sur la rectitude. Le lendemain, nous avons travaillé la séquence avec différents chevaux.

Les voir se libérer de leur tension, sans combat, en montrant progressivement autant aux cavaliers qu’aux chevaux comment trouver un nouvel équilibre, au milieu de cavaliers et de chevaux que j’apprécie particulièrement, fut un réel bonheur qui me pousse sans cesse à continuer et à chercher.

Et lorsqu’une nouvelle élève, assistant au stage en spectatrice et découvrant, après quelques répétitions, la transformation de la jument lusitanienne Amendoa, s’est exclamée, sans retenir ses mots : « C’est incroyable, comme une révolution, c’est encore mieux que l’I-phone ! », un sentiment de bonheur m’a envahi.

De voir ces visages souriants face à moi, ces auditeurs si attentifs, les yeux écarquillés, cette cavalière et sa jument heureuses, tout ce positif, cette absence de tension, de combat, de cruauté et de jugement dans l’œil des spectateurs, ce n’était pas mon ego qui était satisfait, c’était mon cœur… »

Voici la vidéo de l’évolution de W 

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout, j’espère sincèrement qu’il vous aidera à trouver un début de réponse à vos questions.

Pierre Beaupère.

www.prbdressage.com

Pour traiter les problèmes de dissymétrie de votre cheval d’un point de vue équestre, je vous conseille de lire le livre de Pierre Beaupère dont cet article est extrait afin de travailler votre cheval avec cet objectif.

Pour découvrir le livre Equilibre et Rectitude et le travail sur la dissymétrie naturelle :

www.prbdressage.com/livre-equilibre-et-rectitude

Les aquarelles et dessins humoristiques sont de Charly Debray ©

Si vous souhaitez une méthode pour assouplir votre cheval, voici une approche qui pourrait vous intéresser

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